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Remèdes populaires aux poussées dentaires

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Je reviens une nouvelle fois (peut-être même pas la dernière ! ) sur la thèse de Benoîte DENIS qui s’est intéressée aux approches populaires liées aux poussées dentaires (thèse disponible ICI). Petit rappel, vous avez déjà eu droit au chapitre 1 sur les poussées dentaires comme support somatique d’une « Communication de la triade enfant/mère/médecin »  ICI et au chapitre 2 sur les signes de poussée (mythes ou réalités)  LA).

Après avoir passé en revue pas mal de symptômes attribués aux poussées dentaires, il est normal de s’intéresser aux remèdes. Mais attention, il s’agit des remèdes populaires, pas ceux qu’on trouve dans les bouquins. Alors on y trouve :
1) les massages de la gencive, prodigués par les mains expertes et aimantes de maman.
« Ce geste permet un soulagement de la douleur… / par action mécanique, il est &également censé attendrir les chairs et favoriser la percée de la dent ». Les massages peuvent être accompagnés de divers produits, dont parfois du miel qui « apporte par sa douceur un apaisement et facilite la réalisation du massage » et par le passé, l’utilisation de plantes était fréquente. Jusque là, rien de bien surprenant… si ce n’est, tout de même, des associations d’idées qui me laissent un peu dubitative. En particulier, des feuilles de lierre qui étaient utilisées car elles sont de forme analogue à la dent… mais attention « cuites dans du lait de vache noire« … euh… là on est vraiment proche de pratiques de magie noire !
A l’heure actuelle, tous ces produits ont été remplacés par des gels gingivaux disponibles en pharmacie, qui contiennent un principe actif à action anesthésiante; antalgique ou antiseptique

2- L’incision de la gencives

Rien qu’à lire le titre, j’en ai eu des frissons.
Ambroise Paré, chirurgien français, a mis au point cette technique. « L’idée était en fait d’inciser la gencive, à l’image du drainage chirurgical d’un abcès. Les médecins de l’époque et des siècles suivants adoptèrent largement cette technique jusqu’à la première moitié du XXe siècle…mais ils ne furent pas les seuls et les parents s’en emparèrent tout autant » . Les mères perçaient la gencive avec l’ongle (!!!) ou le dos d’une cuillère.
Et  la thèse nous informe que maintenant, les incisions restent rares mais « bien vivantes« …

3- Les objets à mâcher

« Qu’ils soient racines végétales, hochets ou quignon de pain, ces objets sont destinés à être mordillés par le jeune enfant« . Les hochets « objets d’un commerce florissant » sont dotés de surface en relief pour masser ou de parties à réfrigérer pour soulager le nourrisson. Pourquoi pas… je pense personnellement que cela peut aider.
Attention néanmoins aux objets trop durs… Comme l’évoqua JJ Rousseau (au siècle des lumières) les objets trop durs au contraire, rendent les gencives dures et calleuses, ce qui produit l’effet inverse de celui recherché.
Aujourd’hui encore, cela semble pourtant naturel d’offrir à un enfant une croûte de pain, pour qu’il « fasse » ses gencives.

4-Les colliers de dentition
Les amulettes
L’auteure distingue les colliers d’ambre tels qu’ils apparaissent aujourd’hui sur le marché des amulettes. En ce qui concerne les amulettes, on avait l’habitude de faire porter par le passé des colliers de corail rouge. La forme et l’aspect dur rappelle la dent et la couleur évoque le sang…histoire de chasser le mal par le mal (principe de similitude cher à l’homéopathie).
D’autres amulettes étaient souvent composées de dents animales (loups ou vipères) afin de, croyait-on, protéger l’enfant des agressions extérieures et  favoriser la sortie dentaire.
Mais l’amulette la plus répandue était la patte de taupe ! Ou les colliers en pattes de taupes. On apprend ainsi que la taupe occupait une grande place dans la magie médicale antique ! La médecine populaire s’en est donc largement inspiré !
Pourquoi cette croyance ? encore une fois, par association d’idées : la forme de patte évoque la main humaine en miniature, et l’idée d’un outil de perforation. L’animal qui vit sous terre, est associé à la dent qui doit se frayer un chemin dans la gencive.

Voilà de quoi nous faire sourire, n’est-ce pas ?

Les colliers d’ambre
MMe Koala avait déjà évoqué ce sujet dans un précédent post, nous laissant dans le doute quant à son efficacité et surtout du rapport bénéfice/risque.
L’ambre fascine ! elle a un pouvoir, une réputation quasi magique. « Depuis une dizaine d’années, on assiste à la renaissance d’un véritable engouement pour ce collier… il fait l’objet d’un commerce en pleine expansion« .
Malheureusement, la thèse qui ne portait pas vraiment sur la vérification de toutes ces croyances, ne nous parle pas des études qui pourraient corroborer l’efficacité du collier d’ambre.

J’ai donc décidé, sceptique scientifique que je suis, de creuser un peu…on ne se refait pas… Vous trouverez un post complet sur les résines et les ambres sur mon blog ICI.
Pour les non adeptes des posts un peu longs assortis de quelques formules de chimie, vous trouverez un petit extrait du sujet ci-dessous.

5- Autres remèdes
J’évoque juste en passant, afin d’être complète, les autres remèdes évoqués dans la thèse : homéopathie, recours à des saints protecteurs et guérisseurs.

Extrait de l’article sur l’ambre

L’ambre est-elle une sorte de résine?
Oui et non …

ambre
Après la mort des végétaux et animaux, la matière organique se décompose lentement. Cependant, dans certaines conditions (forte température, pression élevée, absence d’oxygène) et sous réserve que ce processus dure suffisamment longtemps (plusieurs millions d’années), il y a fossilisation. C’est également le cas pour la résine,substance liquide plus ou moins visqueuse qui “transpire” vers la surface de certains végétaux, et qui a essentiellement pour fonction d’assurer la cicatrisation en cas de blessure ou de se protéger en cas d’attaques de parasites lorsque elle se trouve emprisonnée dans des couches sédimentaires.

Durant ce processus, les monomères de base “l’isoprène”  de la résine polymérisent (i.e. s’attachent ensemble, se regroupent et se réorganisent de façon plus compacte). Tout ceci (qui n’est pas encore parfaitement élucidé) se traduit par une forte solidification de l’ensemble : c’est la naissance de l’ambre.
Celle-ci est composée d’acide succinique (l’ambre porte d’ailleurs également le nom de succin) mais également d’autres molécules bien plus complexes (polymérisation oblige).

Les colliers d’ambre contre les maux dentaires chez le tout-petit.

On lui confère depuis longtemps des vertus thérapeutiques, simplement par contact.
L’un des domaines les plus en vogue à l’heure actuelle est le collier d’ambre pour soulager les maux dentaires chez les enfants. Quelques exemples de ce qu’on peut lire sur ces fameux pouvoirs : “L’ambre, un trésor anti-douleur. (…) pour soulager les douleurs dues aux déformations dégénératives des articulations, aux œdèmes, aux inflammations chroniques et aux rhumatismes.” Les articles pseudo-scientifiques évoquent l’absorption de l’énergie négative, un effet lié au magnétisme.

Sur quoi reposent ces croyances ?
Peut-être est-ce la découverte de la triboélectricité par les Grecs anciens lorsqu’ils frottaient l’ambre (alors appelée “Elektron”) contre une étoffe qui a fait naître cet émerveillement ? Ou encore les propriétés optiques du matériau (changement de couleur selon la luminosité)?
La seule base éventuelle d’un effet pourrait être de supposer qu’au contact de la chaleur de la peau, des vapeurs d’huiles essentielles de la résine d’origine pourraient être relarguées et avoir un effet apaisant… L’argument est effectivement avancé en ce qui concerne l’acide succinique (présent aussi dans le vin).
Cette hypothèse a-t-elle été validée par diverses études ?
Il semble qu’aucune étude ne vienne corroborer le fait que l’acide succinique possède des effets thérapeutiques.
Notons que certaines dispositions ont  été prises interdisant toute publicité de ce type (voirICI) précisant qu’aucune preuve suffisante n’avait été apportée.
Les pédiatres mettent eux aussi en garde contre ces croyances très ancrées (lien) et rappellent que les interprétations d’expérience personnelles ne constituent en rien une preuve d’efficacité. Seuls des essais scientifiques menés dans des conditions qui éliminent le maximum de biais peuvent permettre de conclure s’il y a un effet supérieur au placébo. Pour l’instant, la littérature ne fournit pas ce type d’études.

Enfin, pour terminer, les risques de strangulation et suffocation ne sont pas nuls, comme avec tout collier et sont  jusqu’à preuve du contraire supérieurs aux bénéfices…

Deux très bonnes analyses réalisées ICI et  (anglais)…



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